Appel à communications

LES SI FACE AUX CHANGEMENTS DE PARADIGMES : DECARBONATION, RÉHUMANISATION ET RECHERCHE DE SENS 

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Si la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) figure un thème pour le moins fécond qui a infusé au cours des deux dernières décennies au sein des sciences de gestion, les enjeux sociétaux et organisationnels qui en découlent n’ont jamais été aussi prégnants. La RSE est définie par la Commission Européenne comme « l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes ». Les problématiques liées à la RSE sont centrales en sciences de gestion, en particulier dans le domaine du management des systèmes d’information (e.g. Raisinghani et Idemudia, 2019 ; Shareef et al., 2021 ; Trid et al., 2019 ; Weng, 2022).

Bien qu’il s’agisse d’un thème de recherche particulièrement prolifique, des questionnements demeurent en matière de responsabilité de l’ensemble des acteurs agissant dans l’environnement entrepreneurial au sens large, et dans le champ des systèmes d’information en particulier (e.g. Asadi et al., 2021 ; Butler et Hackney, 2021). À cet égard, Trid et al. (2019) soulignent un lien fort entre objectifs environnementaux, compétences et culture organisationnelle à l’égard des problématiques environnementales, et notamment dans la relation entre la gouvernance des entreprises et les salariés. Si son application s’est traduite dans le cadre réglementaire (loi PACTE) et normatif (ISO 26000), la RSE peut également s’analyser à l’aune du simulacre (Baudrillard et Evans, 1991), en singeant les organisations supposément responsables, notamment en adoptant des stratégies, voire des artefacts (dont les systèmes d’information sont une émanation pour le moins emblématique).

En outre, son caractère obligatoire, du fait de l’effet conjugué de l’isomorphisme et de la normalisation des pratiques, soulève la question de l’évolution de la gouvernance organisationnelle dans les organisations post-RSE. Plus particulièrement, l’évolution des systèmes de création de valeur et de contrôle interrogent (Fallery, 2016). Les SI, comme pilier de ces mécanismes de contrôle, s’en trouvent profondément affectés. Déjà engagée, la démarche d’amélioration continue de systèmes d’informations de plus en plus responsables a pour objectif de réduire les empreintes écologiques et/ou sociales voire économiques. Pourtant, certains documents, comme le sixième rapport du GIEC publié en avril 2022, laissent penser que cette démarche n’irait pas assez vite. Les recherches sur la ‘post-RSE’ permettent d’ailleurs de contribuer à une approche réflexive et critique des dispositifs de RSE mis en place dans les organisations. La RSE est source d’innovations mais possède des limites à explorer, impliquant l’organisation, mais aussi toutes ses parties prenantes (e.g. fournisseurs, salariés, clients, utilisateurs), tout en contribuant à créer un capital social commun (Kwon et Adler, 2014). Trischler et al. (2020) montrent à cet égard l’importance d’adopter une approche transversale de la RSE au sein des organisations, afin de développer de véritables écosystèmes, voire des arènes de choix collectifs (Ostrom, 2010), mues par leur capital social. Le positionnement de ce congrès sera ainsi ancré dans cette volonté de transversalité. 

La conférence AIM 2023 sera l’occasion d'interroger les rôles et enjeux des systèmes d'information face aux préoccupations sociales et environnementales de nombreux acteurs agissant tout au long de la chaîne de valeur. Des perspectives d’organisations plus durables et humaines (Biot-Paquerot et al., 2021) peuvent être envisagées en discutant des conditions d’usage des TIC, d'implémentation et de politique SI à l’échelle macro mais aussi de leurs effets à l’échelle méso et micro. Considérant que les activités numériques représentent 4% des émissions de CO2 mondiales, une transition numérique plus verte et durable soulève de nombreux défis à relever.

Pour alimenter la réflexion autour du rôle des SI sur la décarbonisation la réhumanisation et la recherche de sens, nous attendons des contributions qui pourraient notamment aborder les sujets suivants (liste non exhaustive) :

• Transformation numérique durable & décarbonation

• Green IT & Green IS
• Culture environnementale & contexte international (e.g. pays développés, pays émergents)
• Sobriété numérique

• Pollution numérique

• Enjeux stratégiques de la pollution numérique pour les entreprises, réaction et résistance des usagers à la pollution numérique, adoption de comportements plus durables, etc.
• Gestion des cloud et empreinte carbone (FinOps)
• Gestion des déchets électroniques
• Réduction de la pollution numérique, implication des acteurs

• Gestion des données, cloud & durabilité

• Responsabilité de l'entreprise pour la conservation des données de transactions (de l'employé, des utilisateurs, etc.) avec une convergence d'intérêts vers la RGPD
• Fintech, gestion des données et responsabilité de l'entreprise

• Responsabilité des entreprises à l’égard des parties prenantes

• Labellisation des engagements RSE : choix, enjeux et impacts
• Actions et discours de responsabilité sociale 

• Acteurs et réhumanisation des organisations 

• Protection du consommateur via des systèmes d'information responsables
• Bien-être au travail et notion de responsabilité de l'employeur
• Prise en compte des risques psychosociaux et de nouvelles formes de technostress
• Vers l’essor d’un « Flygskam » numérique
• Résistance des personnels de l’entreprise à l’égard des politiques RSE dans les systèmes d’information 

• Formes hybrides d’entreprises responsables & offres d’entreprises

• Formes de responsabilité et type d’organisations (entreprises traditionnelles vs. sociales)
• Création de valeur, extensions des logiques de valeur
• Responsabilité numérique
• Développement de nudges
• Paradoxes entre offres des entreprises à visée environnementale et coûts environnementaux réels 

• Communautés

• Communautés d’utilisateurs & démarche responsable
• Shadow SI, communautés d’innovation
• Prise de conscience des communautés, activisme communautaire & responsable

THÉMATIQUES, TRACKS & GTAIM

Les auteurs sont invités à soumettre leurs travaux au sein du thème général de la conférence AIM 2023, des tracks thématiques ponctuels et des thématiques pluriannuelles portées par les groupes thématiques de l'AIM (GTAIM). Plus d’informations à venir sur le site de l’AIM (https://aim.asso.fr) et le site de la conférence (https://aim2023.sciencesconf.org/).

• Sujets généraux 
• Transformations organisationnelles 
• Travail et Numérique
• Innovation digitale et disruption 
• Pédagogie en systèmes d'information 
• L'impact de l'intelligence artificielle sur les entreprises et la société 

• GTAIM - Transformation numérique et enjeux des TI en santé
• GTAIM - Sécurité de l’information et des systèmes d’information 
• GTAIM - Usage et appropriation des outils numériques 
• GTAIM - Industrie du futur
• GTAIM - Digitalisation de la supply chain 
• GTAIM - Critiques, régulation et éthique de la transformation digitale des organisations et des sociétés
• GTAIM - Nouveaux enjeux SI en finance  

• Consortium doctoral  

• TRACK 2023 : Inclusion & numérique 
• TRACK 2023 : Consommation responsable, marketing digital & SI 
• TRACK 2023 : Mobilité, digital et décarbonation 

DATES IMPORTANTES

LIEU DE LA CONFÉRENCE

La conférence aura lieu à Dijon (France), dans les locaux de BSB - Burgundy School Of Business, 29 rue Sambin à Dijon.  

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Guillaume BIOT-PAQUEROT, Burgundy School of Business

Amélie CLAUZEL, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Caroline RICHE, Université Paris Saclay 

COMITÉ D’ORGANISATION

Guillaume BIOT-PAQUEROT, Burgundy School of Business

Samantha AYLETT, Burgundy School of Business

Marta BALLATORE, Burgundy School of Business

Claire COPPARD, Burgundy School of Business

Magalie DUARTE, Burgundy School of Business

Magalie DUBOIS, School of Wine & Spirit Business, Burgundy School of Business

Alexandre Farzan ENTEZAM, Burgundy School of Business

Franziska GOURDIN, Burgundy School of Business

Frank Mahé LENTZ, Burgundy School of Business

RÉFÉRENCES

Asadi, S., Nilashi, M., Samad, S., Rupani, P. F., Kamyab, H., & Abdullah, R. (2021). A proposed adoption model for green IT in manufacturing industries. Journal of Cleaner Production, 297, 126629.

Baudrillard, J., & Evans, A. B. (1991). Simulacra and Science Fiction (Simulacres et science-fiction). Science Fiction Studies, 309-313.

Bertin, E., Colléaux, A., & Leclercq-Vandelannoitte, A. (2020). Collaboration in the digital age: From email to enterprise social networks. Systemes d'information management, 25(1), 7-46.

Biot-Paquerot, G., Assadi, D., Ashta, A. (2021), La création de valeur des fintechs dans l’offre de services bancaires et financiers : entre deshumanisation et réhumanisation, Innovations, 64(1), 209-235.

Butler, T., & Hackney, R. (2021). The role of informational mechanisms in the adoption of Green IS to achieve eco-sustainability in municipalities. Information & Management, 58(3), 103320.

Fallery, B. (2016). Du logiciel libre au management libre: coordination par consensus et gouvernance polycentrique. Management Avenir, (8), 127-150.

Golicic, S. L., Lenk, M. M., & Hazen, B. T. (2020). A global meaning of supply chain social sustainability. Production Planning & Control, 31(11-12), 988-1004.

Kwon, S.-W., Adler, P.S. (2014), Social capital: Maturation of a field of research. Academy of Management Review, 39(4), 412-422.

Luthra, S., Kumar, A., Zavadskas, E. K., Mangla, S. K., & Garza-Reyes, J. A. (2020). Industry 4.0 as an enabler of sustainability diffusion in supply chain: an analysis of influential strength of drivers in an emerging economy. International Journal of Production Research, 58(5), 1505-1521.

Ostrom, E. (2010), Beyond Markets and States: Polycentric Governance of Complex Economic Systems. American Economic Review, 100(3), 641-72.

Pan, S. L., Li, M., Pee, L. G., & Sandeep, M. S. (2021). Sustainability design principles for a wildlife management analytics system: An action design research. European Journal of Information Systems, 30(4), 452-473.

Raisinghani, M. S., & Idemudia, E. C. (2019). Green information systems for sustainability. In Green business: Concepts, methodologies, tools, and applications (pp. 565-579). IGI Global.

Shareef, M. A., Dwivedi, Y. K., Wright, A., Kumar, V., Sharma, S. K., & Rana, N. P. (2021). Lockdown and sustainability: An effective model of information and communication technology. Technological Forecasting and Social Change, 165, 120531.

Trid, S., Corbett, J., & Bouchard, L. (2019). Modèle théorique de projets de Green IS: une spécification des relations entre objectifs, compétences et culture environnementale. Systemes d'information management, 24(1), 7-45.

Trischler, J., Johnson, M., & Kristensson, P. (2020). A service ecosystem perspective on the diffusion of sustainability-oriented user innovations. Journal of Business Research, 116, 552-560.

Weng, W. H. (2022, April). Understanding the Critical Factors in Information System Sustainability: A Practice-Based Perspective. In Proceedings of the 4th International Conference on Management Science and Industrial Engineering (pp. 201-205).